mercredi 9 juillet 2014

Monologue social | La conférence sociale vire au fiasco

La troisième édition de la « Grande conférence sociale » a été marquée par l’absence de FO et de la CGT ; les discours du président de la République et du Premier ministre ne resteront pas dans les annales.

Dès le début, c’était mal parti. La semaine dernière, huit organisations patronales ont rédigé une tribune à l’adresse du gouvernement dans laquelle elles menaçaient de boycotter le rendez-vous s’il ne cédait pas devant leurs exigences. Sitôt dit, sitôt fait ; Manuel Valls accéda à leurs revendications dans une interview au journal Les Échos : « simplification du Code du travail », gel des seuils sociaux et report de la majeure partie de la prise en compte de la pénibilité pour le calcul de la durée de cotisation retraite redevenaient brusquement d’actualité.

« Négocier avec un pistolet sur la tempe »
Pour FO, cette annonce a été la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli par la politique d’austérité menée par le gouvernement. « Il ne s’agit pas uniquement de la pénibilité et du temps partiel, mais aussi du Code du travail, des seuils sociaux et d’une conception autoritaire du dialogue social », a déploré Jean-Claude Mailly. Et qualifiant la méthode du Premier ministre de « diktat », le Secrétaire général a indiqué refuser de « négocier avec un pistolet sur la tempe ».

Au final, que restera-t-il de ce millésime 2014 ? Pas grand-chose, si ce n’est l’étrange enthousiasme du gouvernement envers l’apprentissage, la tenue d’Assises pour l’investissement à l’automne –dont on se demande le rapport avec le social– et un plaidoyer du Premier ministre pour que le patronat soit prochainement associé au contenu des programmes scolaires.

Quant à l’annonce d’une prochaine négociation sur les chômeurs de longue durée, même les observateurs les plus aguerris avaient du mal à cacher leur perplexité en se demandant bien quel pouvait en être le champ et le contenu.

Toujours est-il que, en bonne logique, le MEDEF a trouvé le bilan de cette conférence sociale globalement positif. Un satisfecit qui tranche avec la première édition de la conférence sociale. À l’époque, le patronat s’était insurgé contre le discours du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui avait annoncé une future loi visant « à empêcher la pratique des rémunérations abusives, notamment par la participation des représentants des salariés au comité de rémunération ». Un projet qui n’a finalement jamais vu le jour.

Conférence sociale | Pascal Pavageau : « On ne va pas négocier avec un revolver sur la tempe »


Tables rondes | FO avait déjà posé ses revendications

Lors des réunions bilatérales préparatoires, la Confédération avait déjà exprimé ses positions sur les sujets abordés le deuxième jour de la conférence sociale.

Quelques jours avant la conférence sociale, FO a fait le choix de boycotter les tables rondes ainsi que le discours de Manuel Valls. La Confédération a pourtant remis la synthèse de ses revendications au gouvernement et avait fait entendre ses solutions dans les réunions préparatoires.

La première table ronde, animée par le ministre du Travail, était ambitieusement intitulée « Amplifier l’action pour l’emploi, en particulier pour les jeunes, les seniors et les personnes en difficulté »... et tous ceux qui en ont besoin, pourrait-on ajouter. Loin de la politique de l’offre, la proposition de FO promeut des mesures de soutien à la consommation, au pouvoir d’achat et à l’investissement, l’accès au RSA pour les moins de 26 ans et la mise en place de la conditionnalité dans l’attribution d’aides publiques.

UN FESTIVAL DE TAUTOLOGIES
La table ronde de Benoît Hamon propose d’« Assurer le passage de l’école à l’insertion professionnelle des jeunes ». Sur cette question, FO a rappelé sa volonté de préserver tant l’enseignement professionnel que le caractère national des diplômes ainsi que son opposition à la présence des entreprises dans les collèges et lycées dans le cadre des Campus des métiers.

Michel Sapin, ministre des Finances, avait la charge de « Développer un agenda économique et social pour la croissance et l’emploi en Europe ». Les positions de FO, qui entend réviser les traités pour réorienter la politique économique et sociale européenne ou remet en cause les négociations en cours du TTIP et de TiSA, sont transmises au nouvel « ami de la bonne finance », comme le ministre s’est lui-même qualifié.

Les quatrième et cinquième tables rondes souhaitaient à la fois « Accélérer le retour de la croissance par l’investissement », et « Garantir le pouvoir d’achat par une rémunération équitable ». FO réaffirme le rôle moteur et stratège de l’État et des collectivités. Le syndicat du pouvoir d’achat rappelle son attachement aux évolutions de grilles salariales et sa revendication d’un SMIC à hauteur de 80% du salaire médian.

Concernant la table ronde qui visait à « Rénover notre politique de santé », les représentants de FO ont souhaité rappeler leur volonté d’abroger la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires), d’effacer les dettes des hôpitaux, ainsi que leur refus d’une étatisation de l’assurance-maladie.

Enfin, pour ce qui est du « Dialogue social dans le processus de réforme de l’action publique » de la dernière table ronde, FO a tenu à marquer son opposition à la mise en place d’une République des territoires, synonyme de rupture d’égalité de traitement et d’accès aux services publics, et notamment son refus de l’acte 3 de la RéATE, la réforme de l’administration territoriale de l’État.

Ces propositions, la Confédération n’a eu de cesse de les porter ces dernières années. Le dialogue social, comme la stéréophonie, fonctionne bien mieux lorsque l’on entend avec ses deux oreilles.

lundi 7 juillet 2014

Un Vrai Bug dans le Dialogue Social


Conférence sociale des 7 & 8 juillet 2014 | Intervention du 7 juillet de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière

Video - Face à Face Jean-Claude MAILLY et Michel SAPIN


Lu dans la Presse - Conférence sociale : FO et la CGT boycotteront la journée de mardi

Force Ouvrière n'en sera pas non plus. Après que la direction de la CGT, réunie lundi matin, a décidé de boycotter la seconde journée de la conférence sociale mardi, la direction de FO a fait savoir qu'elle avait pris la même décision.Côté CGT, son numéro un, Thierry Lepaon, participera tout de même à la réunion lundi après-midi avec le président François Hollande. Thierry Lepaon avait menacé vendredi de boycotter partiellement la troisième conférence sociale du quinquennat, dénonçant des décisions du Premier ministre Manuel Valls, notamment sur la pénibilité. Cette décision inédite de la CGT doit être officiellement communiquée vers 17 heures, à l’issue de la rencontre avec le président de la République.

Le numéro 1 de la CFDT, Laurent Berger, a de son côté affirmé lundi matin qu’il participerait à la conférence sociale qui s’ouvre dans l’après-midi pour dire qu’il n’est «pas content» du report partiel du compte pénibilité et demander la sortie rapide des décrets le mettant en œuvre. «Je vais à cette conférence sociale d’abord pour dire que nous ne sommes pas contents de ce report partiel du compte pénibilité» qui est «une avancée obtenue par la CFDT», a affirmé Laurent Berger sur France Inter.

«Nous demandons que les décrets qui vont mettre en place le compte pénibilité sortent très, très vite, pour qu’il n’y ait plus de remise en cause possible de nulle part», a-t-il dit. La CFDT va «demander aujourd’hui des engagements fermes dans le dialogue social, des engagements pour le patronat, et nous jugerons sur pièce lors de la conférence sociale», a-t-il ajouté.

Il a précisé que son syndicat participe à la conférence sociale «parce que la situation l’exige : il y a 5 millions de chômeurs et 8 millions qui vivent en dessous du seuil de pauvreté». «Les postures, les ultimatums, les menaces», «ce n’est pas la position de la CFDT et le sera jamais», a martelé Laurent Berger. «Nous ne désertons jamais le terrain de la confrontation des idées, des propositions, pour essayer de trouver des solutions».

Il a rappelé que les menaces de boycottage de la réunion ont émané d’abord du patronat ensuite de «certaines organisations syndicales» en allusion à la CGT et à FO.

Interrogé sur la déclaration de son homologue de FO, Jean-Claude Mailly, qui a accusé le Premier ministre Manuel Valls de «mépris» à l’égard des syndicats, Laurent Berger a répondu : «Je ne pense pas, je ne l’espère pas, on va le voir pendant ces deux jours».

Le patron de la CFDT a indiqué que les négociations sur le pacte de responsabilité se sont engagées dans «dix branches» professionnelles, «c’est trop peu, nous disons au patronat il faut aller plus loin». «Le patronat doit respecter ses engagements», a-t-il dit.

FO ET LA CGT RÉSERVENT LEUR RÉPONSE À HOLLANDE
Les dirigeants de FO, Jean-Claude Mailly, et de la CGT, Thierry Lepaon, avaient choisi d'annoncer lundi après-midi à François Hollande, lors d’une réunion à huis clos à l’ouverture de la conférence sociale, si leur syndicat participera ou non à la seconde journée de la réunion mardi.

Comme la CGT, la direction de FO s’est réunie lundi matin pour décider de la position de la confédération concernant la conférence sociale. L’annonce de cette décision «sera réservée au président de la République» lors de la rencontre lundi après midi. Jean-Claude Mailly avait annoncé vendredi qu’il participerait au débat avec le président François Hollande mais qu’il «n’excluait rien» pour la journée de mardi, se disant décidé à «marquer le coup».

Les dirigeants de FO et de la CGT, comme ceux des autres confédérations, avaient fustigé les décisions annoncées la semaine dernière par le Premier ministre, Manuel Valls, notamment concernant un report partiel du compte pénibilité, sans les avertir. 

En préambule de la troisième conférence sociale du quinquennat, le chef de l’Etat rencontrera lundi après-midi à huis clos les dirigeants des organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) et patronales (Medef, CGPME,UPA).

AFP

Pourquoi il n’y a pas de République sans service public


Jean-Claude Mailly : « Je ne décide pas seul, pas comme Valls »


jeudi 3 juillet 2014

FO44 - France-Brésil

Régression énergétique | FO vote contre

En Conseil national de transition écologique (CNTE) de ce jour, Force Ouvrière a voté contre le projet d’avis relatif au projet de loi de programmation «pour un nouveau modèle énergétique»

Force Ouvrière rappelle tout d’abord l’absence de concertation du gouvernement dans la période de finalisation de son projet de loi.

Sur le fond, Force Ouvrière dénonce des orientations importantes du projet de loi : le dogme de réduction par deux de la consommation d’énergie en 2050 est absurde. Celui-ci répond d’une logique de décroissance. La création d’un plafond de production d’électricité nucléaire est hypocrite et économiquement comme socialement dangereuse. L’obligation de rénovation thermique des logements aux frais des ménages n’est pas acceptable, a fortiori en pleine modération salariale et baisse du pouvoir d’achat. L’ouverture des concessions hydrauliques à la concurrence, jamais débattue lors du débat national en 2013, doit être retirée.

Force Ouvrière regrette que ce projet ne traduise pas une grande politique publique de l’énergie, ambitieuse pour le mix énergétique, l’innovation, les emplois et la croissance, notamment par l’intervention publique.

Sur l’avis du CNTE, le ministère a refusé d’examiner les amendements portés par Force Ouvrière lors de la dernière réunion de la commission spécialisée du CNTE, contrairement aux engagements donnés par sa présidente.

Ce projet de loi, comme la procédure menée au niveau du CNTE, sont clairement cadrés par des impératifs budgétaires, idéologiques et politiciens.