lundi 7 mars 2016

Lu dans la Presse - Loi Travail: ça coince entre Manuel Valls et les partenaires sociaux (L'Express)


Et si le dialogue tournait court ? Alors qu'il a décalé la présentation du projet de loi Travail au 24 mars pour mener plus de concertation, le gouvernement se heurte à une opposition syndicale réelle. Manuel Valls, accompagné de ses ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Économie), a mené lundi 7 mars un premier round avec les partenaires sociaux, recevant les représentants de la CFTC, de FO, de la CGT et de la CFDT... 
Pour les syndicats, il y a deux chiffons rouges dans cette loi controversée: l'extension du licenciement économique et la création d'un plafond pour les indemnités prud'homales. "On demande le retrait ou un barème indicatif autre que celui qui est présenté car il n'est pas bon tel qu'il est là aujourd'hui", a indiqué Philippe Louis de la CFTC après sa rencontre avec les ministres.  
Deux points sur lesquels Manuel Valls a hier des "améliorations". Le Premier ministre s'est dit déterminé à faire voter le texte au Parlement "avec les amendements nécessaires, mais il exclut tout "statu quo". "Mais je ne pense pas qu'il envisage de retirer le barème prud'homal", a indiqué le représentant de la CFTC. 

"Pas de réponses" claires selon la CFDT

La CFDT, cruciale dans le dispositif car réputée proche du gouvernement est arrivée avec l'intention "de ne rien lâcher".  
Elle est repartie sans réponse claire à ses demandes, notamment le retrait de la barémisation des indemnités prud'homales, la réécriture de l'article sur le licenciement économique ou l'encadrement du forfait-jour. 
"Nous avons été écoutés, il nous a été dit que la porte était ouverte au dialogue, que des choses pouvaient évoluer, qu'il y avait des espaces. Mais il ne nous a pas été donné de réponses parce que les auditions ne sont pas terminées", a dit Laurent Berger à l'issue de sa rencontre avec Manuel Valls. 

"Un retrait du texte" pour FO et la CGT

Juste avant, Manuel Valls avait reçu la CGT et FO. Et pas question pour eux de changer de ligne.  
Philippe Martinez, numéro un de la CGT, a réclamé à son arrivée "le retrait" du projet. "Je ne négocie pas un plat de lentilles, on veut le repas complet", a également taclé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, menaçant d'actions autres que celles déjà programmées les 9 et 31 mars. "Ce n'est pas deux ou trois améliorations mais la logique même du projet de loi qu'il faut revoir car il remet tout en cause : durée du travail, heures sup, médecine du travail, astreintes...", précisait le représentant de FO avant son rendez-vous qu'il jugeait un peu court. 
"Nous avons eu des débats francs, directs, constructifs avec, je pense, une unanimité sur le fait qu'il faut que notre pays puisse se réformer, puisse réformer le droit du travail", a commenté, de son côté, la ministre du Travail. "Il n'y a pas, bien sûr, d'unanimité sur les réponses à y apporter", a-t-elle ajouté. 

Marge de manoeuvre étroite pour le gouverneemnt

Ces concertations se poursuivront mardi 8 mars avec la CFE-CGC (cadres) et le Medef, et mercredi avec l'UPA et l'Unsa, avant une réunion plénière le 14 mars. 
Mais la marge de manoeuvre est étroite pour le gouvernement, désireux de ne pas braquer le patronat, qui a déjà mis en garde contre un "affadissement" de la réforme.  
François Asselin, chef de file de la CGPME s'est dit inquiet à l'issue de son rendez-vous à Matignon. Il craint que le texte ne soit édulcoré et que le compte personnel de formation soit élargi pour contenir le compte épargne temps. 

Vers un futur CPE ?

Les concertations avec les partenaires sociaux, qui se déroulent jusqu'au 9 mars, sont l'occasion pour le chef du gouvernement de "rappeler la philosophie de cette réforme qui rend notre système plus efficace, plus juste", a dit Emmanuel Macron. Il doit aussi répondre à la "précarité" des salariés, alors que "neuf contrats sur dix sont des CDDou de l'intérim", a-t-il ajouté. 
Ce projet de loi est censé répondre au chômage de masse. Il est jugé trop favorable aux entreprises par les syndicats et une partie de la gauche. 
Une journée de grèves et manifestations est prévue mercredi 9 mars. 58% des Français voient déjà le mouvement prendre autant d'ampleur que la fronde anti-CPE (contrat première embauche) il y a dix ans, selon un sondage.  
La forte mobilisation, notamment des lycéens et étudiants, avait alors conduit le gouvernement Villepin à reculer. "Dominique de Villepin, il ne pensait pas plier non plus à l'époque", a ironisé Jean-Claude Mailly. 
Dimanche, l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand (Les Républicains) s'est lui aussi demandé si cette "affaire" n'allait pas "finir en CPE". 
La contestation atteint les rangs du Parti socialiste, et le Premier ministre devra convaincre les députés de son propre parti, réunis mardi 8 mars pour un séminaire consacré au projet de loi. 
Avant cela, Myriam El Khomri a lundi soir la lourde tâche d'aller défendre son texte devant le bureau national du PS. 
Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le , mis à jour à 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire