Merci Pierre
Gattaz. Manuel Valls peut en effet remercier le président du Medef (ou d'autres
membres de l'organisation patronale ) d'avoir laissé « fuiter » ces propositions pour simplifier le
code du travail. Ainsi, Manuel Valls, a eu tout le loisir de se
positionner en défenseur du modèle social français dans son discours de
politique général. Il a ainsi pu à peu de frais rassurer les
« frondeurs » du PS sur ses intentions.
Tacler les propositions du Medef
Dans cette
partie de son discours à destination de l'aile gauche de son parti il a ainsi
affirmé que « réformer ce n'est pas régresser ». Ainsi, pas
question pour lui de remettre en cause les 35 heures, la durée légale du
travail ; de réduire le Smic, de supprimer le CDI ou de casser
« notre modèle social »... Autant de réponses aux « récentes » -
en fait très anciennes - propositions du Medef. Certes, Manuel Valls a sans
doute « oublié » qu'il y a quelques années, il avait déclenché un
beau tollé au sein du PS en osant s'attaquer au tabou des 35 heures. Martine
Aubry, alors Première secrétaire du PS, l'avait remis à sa place. Mais les
temps ont changé et l'important pour Manuel Valls est maintenant d'obtenir un
vote de confiance le plus large possible.
Il s'y est
également employé en refusant de laisser dire que son gouvernement menait une
politique d'austérité. D'où l'annonce de son geste sur la revalorisation du
Minimum Vieillesse à 800 euros, d'où sa décision de verser « une prime
exceptionnelle » aux pensionnaires de retraites inférieures à 1.200 euros.
D'où aussi son rappel du lancement du plan de lutte contre la pauvreté, de la
revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire ou de la création des
emplois jeunes. D'où enfin et surtout, son annonce que six millions de ménages connaitraient un allègement d'impôt
en 2015
Dans le même
ordre d'idées, le Premier ministre s'est attaché à montrer que son gouvernement
avait aussi pour but « la lutte contre les inégalités », entre les
hommes et les femmes, dans la vie scolaire, etc.
Décidément
les « sorties » de Pierre Gattaz voulant changer le modèle social
français ont bien aidé le premier ministre à « séduire sa gauche ».
Confirmation du rythme de réduction des dépenses
publiques
Car, pour le
reste, Manuel Valls a été fidèle à lui-même et à sa politique :
confirmation du pacte de responsabilité et des 41 milliards d'allègements de
prélèvements accordés sur trois ans aux entreprises ; confirmation qu'il y
aurait bien 50 milliards d'économies dans les dépenses sur trois ans dont 21
milliards d'euros dès 2015... L'une des pommes de discorde avec les
« fondeurs ». Astucieusement, sur ce terrain mouvant, Manuel Valls a
une fois encore cherché à démontrer qu'il restait modéré dans ses objectifs
d'économies dans les dépenses publiques. Car, si lui table sur 50 milliards
d'euros, il a rappelé que l'UMP, elle, avançait... un montant de 150 milliards
d'euros « avec combien de suppressions de postes à la clé ».
Confirmation
enfin de la remise en cause de la loi Duflot sur l'encadrement des loyers
(sauf sur quelques territoires) « car il faut être pragmatique et la
priorité aujourd'hui va à la construction de logements ».
Un traditionnel
discours d'équilibriste donc, comme le sont d'ailleurs tous les discours de
politique générale de premier ministre confronté à une majorité fragile. Mais
sans le tollé provoqué par les propositions patronales sur le code du travail,
l'exercice aurait été encore plus délicat.
La Tribune - 16/09/2014
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