vendredi 28 février 2014

Pacte de responsabilité : FO dénonce «un marché de dupes» - Lu dans la Presse



Les négociations entre partenaires sociaux sur le pacte de responsabilité de François Hollande ont commencé vendredi dans un climat plutôt tendu. Au 55, avenue Bosquet, à Paris, les négociateurs des syndicats et du patronat se sont retrouvés un peu contraints et forcés par le gouvernement. Principal objectif : s'entendre, autant que faire se peut, sur les fameuses "contreparties" évoquées par le président de la République, en échange de la suppression de 30 milliards de cotisations patronales de la branche famille de la Sécurité sociale. Et, comme d'habitude, la ligne de front est très claire. D'un côté, la CGT et FO qui refusent le pacte, considéré comme un cadeau au patronat. De l'autre, les syndicats plus réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC) qui se disent prêts à travailler avec le Medef, à condition qu'il accepte des contreparties.
"Ce n'est pas un face-à-face patronat-syndicat"

"C'est un pacte qui ne nous engage pas et ne nous concerne pas", a clamé, à peine arrivée, Marie-Laurence Bertrand, la négociatrice de la CGT, devant micros et caméras. La centrale de Thierry Lepaon, qui ne croit pas aux allègements de charges déjà existants, réclame d'urgence l'évaluation de leurs effets sur l'emploi ! Stéphane Lardy a, lui, dénoncé au nom de FO un "exercice de communication entre le président et le Medef qui refuse de s'engager sur des contreparties". S'ils ne sont pas allés jusqu'à pratiquer la "politique de la chaise vide", c'est tout comme.

La CFDT est en revanche venue "chercher des engagements du Medef et vérifier que l'on partage un projet commun", a prévenu sa représentante Véronique Descacq. Celui de la CFTC s'est, lui aussi, montré beaucoup plus ouvert que FO ou la CGT : "Ce n'est pas un face-à-face patronat-syndicat. On va essayer de faire un côte à côte."

Joseph Thouvenel joue le réalisme : "On ne sortira pas en disant : on va créer tant et tant d'emplois. Ce n'est pas vrai." Tout simplement parce que l'évolution du chômage dépend avant tout du contexte économique : qu'une nouvelle crise des subprimes se déclenche et le pacte de responsabilité sera sans effet ! Au passage, il ne s'est pas privé pour égratigner le Medef. "On ne peut pas se balader avec un badge Un million d'emplois, parce que ça s'appelle de la démagogie." "Le chiffre d'un million d'emplois, c'est une ambition", lui répond le Medef. Le compromis qui se dessine apparaît de plus en plus clair. Les contreparties, terme que le négociateur patronal récuse, seront négociées par branche, et même affinées "par secteur", voire par entreprise, au plus près des réalités économiques de chacune. Jean-François Pilliard cite notamment l'emploi des seniors, l'emploi des jeunes et les évolutions de qualification des salariés.
"On risque de pédaler dans la semoule"

Mais même concernant ces domaines ciblés, les engagements pris seront des "engagements de moyens" plus que des engagements chiffrés. Et de citer l'exemple d'une branche qui pourrait se fixer l'objectif de prendre 10 000 alternants supplémentaires. Pour le Medef, il est donc hors de question de prendre des engagements contractuels. "Une entreprise n'est pas un ensemble bureaucratique. Elle fonctionne quand elle a un carnet de commandes, des clients, un environnement favorable", a-t-il martelé. Dans certaines branches, la négociation sera relativement facile ; dans d'autres, "on va pédaler dans la semoule", prévient le négociateur CFTC, pour qui l'emploi n'est qu'un objectif de "moyen", voire de "long terme". Thouvenel met volontiers en avant l'impératif de montée en gamme des produits français pour affronter la concurrence internationale. Un travail sur la compétitivité "hors coût" qui passe par la formation et l'investissement. Investissement qui ne sera pas suffisant tant que les entreprises dégageront des marges aussi faibles qu'actuellement, estime le Medef.

C'est aussi pourquoi rien de concret ne sera décidé avant fin mars, c'est-à-dire avant que le gouvernement n'ait abattu ses cartes, non seulement sur les baisses de charges, mais aussi sur la fiscalité des entreprises et le choc de simplification, autres aspects importants du pacte pour les entreprises. Les partenaires sociaux seront alors obligés d'entrer dans le dur. Sur le terrain.

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