dimanche 22 mai 2016

Lu dans la presse - CGT et FO inflexibles dans le blocage des raffineries

PARIS (Reuters) - La France dispose des réserves nécessaires pour faire face à une éventuelle pénurie de carburant, a déclaré dimanche Manuel Valls, alors que les chauffeurs routiers continuent de bloquer des raffineries pour protester contre la réforme du Travail.
La CGT et Force ouvrière appellent à poursuivre la mobilisation malgré les ouvertures consenties par le secrétaire d'Etat aux Transports sur la rémunération des heures supplémentaires des routiers.
Dans un courrier adressé vendredi aux représentants FO, CGT, CFTC, CFDT et CGC, Alain Vidalies souligne que le "dispositif réglementaire, dérogatoire" sur les durées de temps de service dans le transport routier "n'est pas modifié par le projet de loi Travail qui s'attache à définir de nouvelles règles générales, en application du principe selon lequel la règle particulière dérogatoire à la règle générale n'est pas modifiée par un changement de la règle générale, même postérieur".
Il s'engage à clarifier le débat, à "éviter les interprétations qui pourraient donner matière à contestation" et ajuster si nécessaire le décret encadrant le temps de travail dans le secteur.
La CGT Transports et la Fédération nationale transports et logistiques FO-UNCP ont salué dans un communiqué commun "un recul significatif" du gouvernement et appellent à poursuivre le mouvement afin de "combattre" d'autres dispositifs du projet de loi El Khomri, comme celui relatif aux heures de nuit.
"Au regard de cet engagement (sur les heures supplémentaires), la négociation entreprises par entreprises, et donc l'inversement de la hiérarchie des normes, n'est pas applicable pour les routiers, ça sera pour tout le monde pareil", plaident les deux syndicats. "Cette première avancée pour notre profession doit encourager l'ensemble des salariés à rentrer dans le mouvement", ajoutent-ils.
En déplacement en Israël, le Premier ministre s'est dit étonné de la réaction des deux centrales alors que "nous avons apporté des garanties" sur les heures supplémentaires.
"NOUS AVONS LES RÉSERVES"
"Il n'y a aucune raison aujourd'hui de bloquer des dépôts et des raffineries et de gêner nos compatriotes", a dit Manuel Valls à des journalistes.
Il s'est élevé contre une "vision alarmiste" de la situation en France : "Nous maîtrisons pleinement la situation, je pense qu'un certain nombre de raffineries et de dépôts qui étaient bloqués sont débloqués ou vont l'être dans les heures et dans les jours qui viennent".
Les forces de l'ordre ont été appelées en plusieurs points de tension pour mettre fin aux blocages, comme lors du précédent mouvement de 2010 sous Nicolas Sarkozy.
"Chacun peut être je crois pleinement conscient de la détermination du gouvernement français à ce qu'il n'y ait aucune pénurie. Nous avons les réserves, de toute façon, pour faire face à ces blocages", a insisté Manuel Valls.
La France compte huit raffineries. Quatre restent bloquées, selon les autorités, cinq selon les syndicats.
"Sur les quelque 12.000 stations-services en France, seules 816 sont en rupture de stock total, et 800 sont en rupture partielle", a indiqué dimanche sur Europe 1 Alain Vidalies. "Dans le pire des cas, dans les agglomérations les plus touchées, il reste encore 60% des stations qui fonctionnent, donc on ne peut pas parler de pénurie", a-t-il dit.
"Le durcissement du conflit ne nous fait pas peur", a assuré le secrétaire d'Etat aux Transports.
Franck Manchon, coordinateur FO au sein du groupe Total, a déclaré dimanche à Reuters que la France se dirigeait "droit vers une pénurie de carburant et une hausse sensible de la dégradation de l'économie du pays" si le gouvernement "restait sourd".
Plusieurs préfectures ont pris des arrêtés de rationnement pour l'achat de carburants alors que les files d'attente s'allongent dans les stations-services.
Le député (Les Républicains) de l'Eure Bruno Le Maire, candidat à la primaire à droite, a estimé dimanche au Grand Rendez-vous Europe 1-Le Monde-iTELE que le départ de Manuel Valls à l'étranger était "une faute" au regard du conflit en cours dans le secteur routier. "C'est une vision datée et mesquine de la politique", a répliqué Manuel Valls à Tel Aviv.
(Sophie Louet, avec Sybille de la Hamaide, Emmanuel Jarry et Michel Rose)

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