Entre le "pacte de confiance" de Pierre Gattaz et
le "pacte de responsabilité" de François Hollande, il existe une
nuance chiffrée à 100 milliards d'euros par le Medef. Que demandent vraiment le
patronat en échange "d'un million d'emplois sur cinq ans" ?
Lors d'une conférence de presse organisée ce lundi en fin d'après-midi
à Lille, il lance une grande mobilisation de "démonstration de force"
commente-t-on au Medef. Il est en effet entouré de 1 200 patrons nordistes,
qui, symboliquement, "vont prendre des engagements précis" en échange
d'une baisse des charges et du coût du travail. Mais qu'offre concrètement
l'organisation patronale ?
TVA ou CSG, Hollande devra (encore) trancher
"Un million d'emplois en cinq ans ", ce n'est pas "un
engagement juridique" que prend Pierre Gattaz ce lundi 13 janvier, mais
davantage "un objectif" qu'il pense pouvoir remplir. Selon lui cela
reviendrait à faire baisser le taux de chômage de 11% à 8%. Pour ce faire, le
patron du Medef interrogé ce matin su Europe1, affirme pouvoir "créer des
poches de 50 000 à 100 000 emplois à la condition qu'un certain nombre de
chantiers s'ouvrent. S'il ne précise pas les secteurs, il pose en revanche
comme condition l'ouverture de 5 chantiers . Parmi eux, trois ont déjà été
lancés (la baisse de la fiscalité sur les entreprises; la baisse du coût du
travail; les démarches de simplification). Un quatrième correspond à un
engagement de longue date du gouvernement (la baisse de la dépense publique),
mais avec des ambitions patronales plus élevées. Enfin le Medef ajoute sur la
table "la suppression des obstacles à l'emploi dans le cadre d'un dialogue
social renouvelé", en clair, un assouplissement du contrat de travail.
Quoi qu'il en soit, les principales doléances du Medef demeurent la
baisse des charges. En l'occurrence : une baisse massive de la fiscalité (50
milliards d'euros) et du coût du travail (50 milliards d'euros). Cent milliards
auquel on peut tout de même soustraire les 20 milliards d'euros déjà débloqués
pour le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Pour le patronat, "les
cotisations familiales qui pèsent aujourd'hui sur le coût du travail doivent
être transférée sur autre chose", comme le demande Pierre Gattaz.
Pour financer ces baisses de charges, sa recette miracle réside
"idéalement en baisse de dépense publique". Faute de quoi il évoque
"une petite hausse de la TVA avec un coup de pouce aux salaires
nets". Mais comment faire passer cette "petite hausse" de 100
milliards alors même que le financement du CICE (20 milliards d'euros) a
nécessité une hausse de la TVA (1,6 point en moyenne) au 1er janvier dernier ?
Si François Hollande n'a pas voulu de la "TVA sociale" du
gouvernement Sarkozy, il a longuement hésité à augmenter la CSG quand il fut
question de financer le CICE. En janvier 2012 sur France2, le candidat Hollande
déclarait ne pas vouloir "que les Français soient affligés de trois ou
quatre points de TVA". C'est pourtant ce que lui suggère le Medef. A moins
qu'il ne reconsidère sa position sur la CSG...
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