lundi 9 décembre 2013

ALTRAN ORVAULT - LA MOBILISATION DES SALARIÉS FAIT RECULER LA DIRECTION

Plus de 500 grévistes déclarés le 19 novembre, à l’appel de FO, chez Altran, alors que l’entreprise n’avait jamais connu de grève nationale en plus de trente années d’existence. La direction de la SSII, qui imposait une modification de la prise en charge des frais de déplacement au 1er janvier 2014, a finalement dû suspendre son projet.

Altran est une SSII* spécialisée dans le conseil en ingénierie, technologies, recherche et développement. Le groupe compte 9.000 salariés et se porte plutôt bien: son chiffre d’affaires du premier semestre 2013 s’élève à 809,2 millions d’euros, soit une croissance de plus de 10% par rapport au premier semestre 2012 (732,6 millions d’euros). Les salariés du groupe sont pour la plupart des consultants ou des ingénieurs qui interviennent auprès de diverses entreprises clientes. En fonction de leurs missions, ces salariés sont donc régulièrement amenés à se déplacer chez leurs clients, qui peuvent être basés à plusieurs dizaines de kilomètres de leur domicile. C’est la modification de la prise en charge de ces frais de déplacement qui est à l’origine de la première grève nationale, le 19 novembre dernier, en plus de trente années d’existence, à l’appel de Force Ouvrière.

Alors que les salariés bénéficiaient d’une prise en charge au kilomètre, la direction a fait évoluer le mode de calcul: «Si le salarié doit se rendre chez un client situé à 50 km de son domicile et que le salarié réside à 40 km de son agence régionale, alors il sera indemnisé sur la base de 10 km: les 50 km du domicile au client moins les 40 km du domicile à l’agence», décrit David Gomez, délégué FO chez Altran. Une logique très particulière car si la distance domicile agence est supérieure à la distance domicile client, alors le salarié ne perçoit pas de prise en charge.
16% en moins sur la fiche de paye

Comme le rappellent les témoignages recueillis par FO, l’impact de cette décision unilatérale de la direction du groupe aura des conséquences très importantes en termes de rémunération pour les salariés: «Cette nouvelle politique de frais me fera perdre presque 800 euros par mois, alors que mon salaire net est de 2.800 euros… ça fait très très mal.» Ou encore: «Aujourd’hui, d’après mon calcul, mon salaire baisserait d’environ 16%.» Et un autre de préciser comment était présentée la prise en charge des frais de déplacement lors des recrutements: «Les managers, lorsqu’ils nous recrutent, nous parlent de la politique de frais, ils en font même un argument: tu peux aller t’installer jusqu’à 50 km de l’agence! Du coup, nous sommes quelques-uns à être à 30, 40 voire 50 km. Là, on va carrément perdre de l’argent sur un des éléments qui, à l’époque, ont pu nous faire signer avec Altran.»

Mais tous les salariés du groupe ne subissent pas de telles ponctions sur leurs rémunérations. Les cent douze directeurs du groupe ont ainsi vu leurs salaires de base progresser de 15% en 2012, tandis que celui des managers (encadrement des consultants) augmentait de 19%. Dans une entreprise composée quasi exclusivement de cadres, une telle mobilisation est inédite et traduit leur exaspération. La direction a entendu ce message et a opéré un premier recul en suspendant la mise en œuvre prévue au 1er janvier 2014 et en indiquant que le comité central d’entreprise sera saisi de cette question. Les cols blancs se réveillent, les négociations peuvent commencer.
Mathieu Lapprand

*Société de services en ingénierie informatique.

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