vendredi 6 décembre 2013

PRESSE - Formation : les syndicats redoutent l'échec de la négociation

LES ECHOS du 06.12.2013

La CGPME et le Medef s'opposent toujours sur le financement. Le prochain round de discussions, le 12 décembre, sera le dernier.

Le dialogue social cher à François Hollande va-t-il subir son premier gros échec du quinquennat ? A une semaine de l'ultime séance de négociation sur la formation professionnelle, jeudi prochain, la question est clairement posée.
Deux mois après le début des discussions, elle reste plus que jamais otage des dissensions entre le Medef et la CGPME, qui s'opposent très durement sur la question du financement. Le premier, soutenu par l'UPA (artisans) veut supprimer la contribution obligatoire sur le plan de formation (0,9 % de la masse salariale) et remplacer toutes les obligations financières actuelles (1,6 % en tout) par une contribution unique de 0,8 %, visant à responsabiliser les entreprises en passant, dans les grandes lignes, d'une obligation de payer à une obligation de former. La CGPME rétorque qu'une telle évolution, en diminuant la mutualisation des fonds de la formation, ferait s'écrouler la formation dans les PME. Une analyse que réfute le Medef. A ce stade, chacun reste très ferme sur ses positions, en dépit d'échanges bilatéraux quasi permanents.
La situation sera d'autant plus difficile à démêler que la CGPME joue dans l'affaire une partie de l'avenir de son bras armé, l'Agefos PME, et que le Medef, parallèlement à la bataille de la réforme de la représentativité patronale aussi en cours, est décidé à ne lui faire aucun cadeau.
La séance de négociation d'hier n'a pas permis de faire évoluer la situation. A la demande des syndicats, le financement n'a pas été abordé pour tenter d'avancer sur le reste de l'accord. Mais les quatre heures d'échanges auront surtout souligné que, là aussi, de nombreux désaccords subsistent entre les syndicats et le Medef, en particulier sur le financement du compte personnel de formation (CPF) et son caractère opposable ou non, sur la gouvernance du système et sur le dialogue social dans l'entreprise sur le plan de formation.

S'entendre ou acter l'échec

Le Medef, s'il reste trop ferme sur ses positions, aura du mal à trouver des partenaires. La CGT et FO sont vent debout contre ses propositions. Et à la CFDT, plus ouverte à la philosophie globale du projet Medef, Marcel Grignard prévient que « les niveaux de financement ne sont pas à la hauteur des enjeux ». Une ligne que partage la CFTC et la CGC. Stéphane Lardy (FO) en a appelé « à la responsabilité patronale », donnant « quatre jours » à la CGPME et au Medef pour « parvenir à un compromis » à présenter aux syndicats. Beaucoup dépendra de la capacité du Medef à aller ou non au-delà du 0,8 % de contribution unique qu'il défend. « La négociation se poursuit », évacue sa négociatrice, Florence Poivey.
Côté syndical, on craint de plus en plus que le Medef ne joue en réalité l'échec des discussions pour laisser la main au gouvernement. Un pari risqué, prévient la CGT : « Les politiques ont dit qu'ils prendraient leurs responsabilités si nécessaire. Chiche ! » Le ministère du Travail se refuse à tout commentaire à ce stade, mais prévient qu'aucun délai supplémentaire ne sera accordé. Le 12 décembre, il faudra s'entendre. Ou acter l'échec.
Derek Perrotte, Les Echos

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