jeudi 19 décembre 2013

STX : à l"appel de la CGT et FO, les salariés ont debrayé le 18 décembre 2013

A la veille d'une éventuelle commande de paquebots, plus de 400 salariés de STX ont débrayé mercredi matin devant les chantiers pour refuser ce qu'ils estiment être un chantage de la direction. 

Ils étaient presque 450 salariés à débrayer mercredi, vers 10 h, devant la porte 6 des chantiers STX. Un mouvement pour peser dans le rapport de force que la direction a engagé depuis vendredi avec les syndicats.
Pour mémoire, la direction estime que le contrat avec l'armateur MSC pour la réalisation de deux paquebots n'est envisageable que si les syndicats acceptent de revenir autour de la table et de négocier un nouvel accord de compétitivité. L'objectif étant de réduire la masse salariale de 5 % et ainsi, selon la direction, de rester concurrentiel face aux chantiers allemand Meyer Werft et italien Fincantieri. Ce dernier chantier a d'ailleurs annoncé lundi une nouvelle commande de deux paquebots pour Viking Cruises.

Concurrence faussée

« Ce chantage est inacceptable, prévient Joël Cadoret, délégué syndical CGT. Rogner quelques millions sur le dos des salariés est un non-sens. Les 30 millions de rabais recherchés sur 6 ans correspondent à 2 % du prix de la commande, c'est peanuts ! La masse salariale ne représente que 15 % du coût du navire. La direction se trompe de cible, elle veut faire payer aux salariés son incapacité à négocier auprès des armateurs et des banquiers ! »
Même détermination pour Force ouvrière qui dénonce aussi le jeu de dupe qui se joue au niveau de la concurrence entre chantiers navals européens. « Fincantieri reçoit des commandes de l'État pour construire des bâtiments militaires, rappelle Nathalie Durand Prinborgne. Il s'agit d'aides indirectes qui permettent ensuite au chantier italien de tirer les prix des paquebots vers le bas. Même chose en Allemagne où Meyer Werft dispose d'aide des Régions. »
Plutôt que de réduire la masse salariale, les deux syndicats demandent à l'État, actionnaire à 33 % de STX France, de soutenir plus directement la navale nazairienne et de ne pas accepter que les salariés soient « les variables d'ajustements ».
Cette démonstration de force d'hier, avant « une année 2014 qui devra être marquée par des actions de lutte rassembleuse », est une réponse des syndicats au second round qu'a ouvert la direction vendredi. Le premier s'était soldé à la fin de l'été par une dénonciation unilatérale des accords et usages en vigueur au sein de STX. Les syndicats CGT, FO et CFDT n'ayant pas accepté les termes de cet accord de compétitivité. Cette fois, seules la CGT et FO refusent d'ouvrir de nouvelles discussions sur la compétitivité. Au comité d'entreprise, la CGT est majoritaire avec environ 33 %, la CFDT, 31 % ; FO, 19 % ; et la CFE-CGC, 16 %.
La nouvelle partie se joue alors que la suppression des accords maison n'a pas eu de conséquences concrètes pour les salariés. Mais on parle déjà, pour fin mars 2014, de la suppression des primes de nuit surmajorées et du paiement double des dimanches travaillés ; puis fin 2014, du retour sec aux 35 heures avec perte de 15 jours de RTT. Bref, une application brute du Code du travail et de la convention collective de la métallurgie. Un enjeu suffisant pour sortir les muscles, estiment donc la CGT et FO.

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