samedi 18 janvier 2014

FUSILLADE MEURTRIÈRE CONTRE LES OUVRIERS DU TEXTILE AU CAMBODGE

Vendredi 3 janvier, la police cambodgienne a tiré à balles réelles sur les ouvriers du textile, qui manifestaient pour le doublement de leur salaire minimum (à 160 dollars par mois au lieu de 80 dollars à l’heure actuelle), faisant au moins quatre morts et une quarantaine de blessés.

«Si nous leur permettons de continuer à faire grève, cela va devenir l’anarchie», a déclaré le porte-parole de la police militaire, Kheng Tito, après la fusillade.

Le recours à la violence contre les travailleurs et les syndicalistes n’est pas nouveau au Cambodge. Le comité de la liberté syndicale de l’OIT (Organisation internationale du travail) a ainsi dénoncé, en juin dernier, l’absence d’enquête digne de ce nom sur l’assassinat de trois dirigeants syndicaux au cours des dix dernières années.

POUR H&M, WAL MART, GAP…

Mais face à une mobilisation des ouvriers qui est allée crescendo depuis deux ans pour atteindre une ampleur sans précédent, avec des centaines de milliers de grévistes et de manifestants qui se rapprochent aujourd’hui de l’opposition politique, les autorités ont visiblement décidé d’intensifier encore la répression.

Le secteur textile cambodgien, qui représente 75% de l’industrie du pays et 85% de ses exportations, emploie quelque 650.000 ouvriers dont 400.000 pour des sociétés qui travaillent pour de grandes marques internationales (H&M, Wal Mart Store, Gap, Puma...). La production a augmenté de 20% en 2013. Une première négociation entre le gouvernement et les organisations syndicales a débouché au printemps dernier sur une revalorisation de 20 dollars du salaire minimum (de 60 à 80 dollars). Mais cela reste nettement insuffisant pour nourrir correctement une famille et des milliers d’ouvrières sous-alimentées continuent de s’évanouir chaque jour dans les usines.

La CSI (Confédération syndicale international), «horrifiée» par la violence de ces derniers jours, a appelé le gouvernement cambodgien à revenir à la table des négociations, à relâcher les personnes arrêtées et à veiller à ce que les coupables des meurtres et des violences soient traduits en justice.

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