lundi 13 janvier 2014

Pacte de responsabilité: ce que demande le Medef à François Hollande (L'Express)


Entre le "pacte de confiance" de Pierre Gattaz et le "pacte de responsabilité" de François Hollande, il existe une nuance chiffrée à 100 milliards d'euros par le Medef. Que demandent vraiment le patronat en échange "d'un million d'emplois sur cinq ans" ?

L'engagement du Medef, avec tous les chefs d'entreprises, c'est de dire que nous sommes capables de créer un million d'emplois dans les cinq prochaines années". A la veille du rendez-vous de François Hollande avec la presse, le patron du Medef, Pierre Gattaz, maintient la pression. Si à son "pacte de confiance" évoqué l'été dernier, François Hollande a répondu en écho par un "pacte de responsabilité", le président du Medef entend bien pousser son avantage.

Lors d'une conférence de presse organisée ce lundi en fin d'après-midi à Lille, il lance une grande mobilisation de "démonstration de force" commente-t-on au Medef. Il est en effet entouré de 1 200 patrons nordistes, qui, symboliquement, "vont prendre des engagements précis" en échange d'une baisse des charges et du coût du travail. Mais qu'offre concrètement l'organisation patronale ?
TVA ou CSG, Hollande devra (encore) trancher

"Un million d'emplois en cinq ans ", ce n'est pas "un engagement juridique" que prend Pierre Gattaz ce lundi 13 janvier, mais davantage "un objectif" qu'il pense pouvoir remplir. Selon lui cela reviendrait à faire baisser le taux de chômage de 11% à 8%. Pour ce faire, le patron du Medef interrogé ce matin su Europe1, affirme pouvoir "créer des poches de 50 000 à 100 000 emplois à la condition qu'un certain nombre de chantiers s'ouvrent. S'il ne précise pas les secteurs, il pose en revanche comme condition l'ouverture de 5 chantiers . Parmi eux, trois ont déjà été lancés (la baisse de la fiscalité sur les entreprises; la baisse du coût du travail; les démarches de simplification). Un quatrième correspond à un engagement de longue date du gouvernement (la baisse de la dépense publique), mais avec des ambitions patronales plus élevées. Enfin le Medef ajoute sur la table "la suppression des obstacles à l'emploi dans le cadre d'un dialogue social renouvelé", en clair, un assouplissement du contrat de travail.

Quoi qu'il en soit, les principales doléances du Medef demeurent la baisse des charges. En l'occurrence : une baisse massive de la fiscalité (50 milliards d'euros) et du coût du travail (50 milliards d'euros). Cent milliards auquel on peut tout de même soustraire les 20 milliards d'euros déjà débloqués pour le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Pour le patronat, "les cotisations familiales qui pèsent aujourd'hui sur le coût du travail doivent être transférée sur autre chose", comme le demande Pierre Gattaz.

Pour financer ces baisses de charges, sa recette miracle réside "idéalement en baisse de dépense publique". Faute de quoi il évoque "une petite hausse de la TVA avec un coup de pouce aux salaires nets". Mais comment faire passer cette "petite hausse" de 100 milliards alors même que le financement du CICE (20 milliards d'euros) a nécessité une hausse de la TVA (1,6 point en moyenne) au 1er janvier dernier ?

Si François Hollande n'a pas voulu de la "TVA sociale" du gouvernement Sarkozy, il a longuement hésité à augmenter la CSG quand il fut question de financer le CICE. En janvier 2012 sur France2, le candidat Hollande déclarait ne pas vouloir "que les Français soient affligés de trois ou quatre points de TVA". C'est pourtant ce que lui suggère le Medef. A moins qu'il ne reconsidère sa position sur la CSG...

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